Concert et manif en soutien aux interpelléEs du 15 novembre

Vendredi 16 décembre 2011 19:00
Le Hangar, 8 bis rue de Bagnolet, Toulouse (métro Arènes)
Samedi 17 décembre 2011 14:00
Place Jean-Jaurès, Toulouse, métro Jean-Jaurès


Révolte et solidarité avec les révolté-e-s

Omniprésence de flics et de militaires sur la voix publique, multiplication
des fichiers, délation institutionnelle, interdictions et amendes en tout
genre... Chaque jour la pression policière s’accentue sur la population.
Contrôles, surveillances et contraintes sont le lot quotidien de tout un
chacun, particulièrement des pauvres. Les voix de la pacification sociale
sont immenses et vont jusqu’à l’assassinat légal. Rien ne sert de se cacher
derrière un « je n’ai rien à me reprocher, donc rien à cacher et rien à
craindre... ».

Les législations protègeraient tout le monde, « coupables » et « innocents »,
même ceux qui n’ont rien demandé. Elles effectuent un tri permanent entre
les honnêtes citoyens et les contrevenants, ces derniers qui n’ont pas
forcément choisi de transgresser mais qui se retrouvent entraînés dans la
spirale judiciaire à cause de diverses situations préjudiciables, les plus
souvent économiques. C’est paradoxal, cette société s’est construite sur le
vol historique des forces de production (main d’œuvre, outils et
richesses), mais elle stigmatise en même temps une frange de population
dénoncée comme délinquante. Elle l’exhibe et s’en sert d’exutoire. Elle
punit la petite rapine et absout le pillage en col blanc, la spoliation des
initiés bien placés...

L’enfermement est une torture, le sort réservé aux désobéissants, aux
malchanceux. C’est aussi une industrie fleurissante. Chaque jour, un flux
incessant alimente les chaines carcérales. Des millions de personnes en
sursis, chair à prison, matière première, victimes potentielles du système.
Des millions de procédures judiciaires touchant plus ou moins violemment
des millions de gens. Des millions de vies mises sous contrainte à
l’intérieur des divers établissements pénitentiaires et à l’extérieur sous
contrôle judiciaire, bracelet électronique... Et aussi des millions de
personnes sans condamnation formelle, anciens prisonniers, familles et
proches des prisonniers qui subissent aussi, en permanence, la lourdeur du
règlement pénitentiaire, les brimades et les humiliations institutionnelles.

Multiplication des délits, multiplication et allongement à l’infini des
peines, isolement : l’Etat et les profiteurs de toute sorte,
fonctionnaires, employés ou actionnaires des boites privées qui gèrent de
plus en plus le parc pénitentiaire, appliquent la souffrance avec une
humanité digne des valeurs de la démocratie républicaine, des règles
pénitentiaires, des Droit de l’Homme et du marché. Ce sont les mêmes ou
leurs semblables qui sèment misère et terreur sur toute la planète par le
biais d’une économie de guerre et de guerres tout court.

Nous voulons une société sans classe et sans pouvoir dominant d’aucune
sorte, faut-il le répéter, une société qui a aboli le profit, l’argent et
l’enfermement...

Autant les soumissions voire les adhésions au système sont grandes, autant
l’aspiration au changement se généralise. Les résistances perdurent au cœur
de la société et au cœur des lieux d’enfermement. Se renouvelant sans
cesse, elles sont ce qu’elles sont mais existent depuis que la douleur des
sujets soumis à la correction a été érigée en tradition. Les luttes contre
l’oppression prennent des formes diverses mais s’alimentent d’une visée
commune : la destruction des inégalités et des prisons qui lui sont
inhérentes. Le message a la qualité d’être clair. Il se transmet depuis des
décennies par tous les exploités qui refusent la fatalité : Révolution
sociale, émancipation.

Aujourd’hui, encore plus qu’hier, l’antagonisme entre les intérêts de
classe est criant. L’État enferme de plus en plus longtemps, mais aussi de
plus en plus tôt ceux qui refusent la loi de la jungle. L’âge de
responsabilité pénale en France est déjà de 13 ans et tendrait a être
abaissé à 12 (pour le moment les mineurs de moins de 13 ans font l’objet de
mesures dites « de protection, d’assistance, de surveillance et d’éducation
 ». La plus belle des jeunesses se meurt en prison. Plus précisément depuis
ces dernières années dans les divers établissements de contention (centres
renforcés, centres fermés...) et dans les prisons pour enfants, pour
adolescents, dans les fameux établissements pour mineurs, EPM, hauts lieux
de l’éducation carcérale. Prisons où des jeunes souffrent, se suicident et
parfois se révoltent. Comme à Lavaur ce printemps où l’administration a
envoyé ses sbires armés et cagoulés pour mater les jeunes prisonniers. Les
services de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) collaborent
clairement avec l’administration pénitentiaire dans sa sale besogne de
garde chiourme.

Le 5 juillet 2011, la PJJ toulousaine (à Labège) a été la
cible de la solidarité, ses pratiques carcérales dénoncées, ses locaux
salis par la vindicte populaire. Une action somme toute dérisoire mais ô
combien symbolique alors qu’au même moment le ministre de la Justice
annonçait une série de mesures renforçant encore la répression contre les
mineurs. La nouvelle loi Mercier crée une comparution immédiate
s’appliquant dès 13 ans, un fichier unique des mineurs délinquants
(personnalité, environnement...) permettant au procureur de déférer le
jeune directement au tribunal pour enfant, supprimant ainsi le pouvoir du
juge pour enfant. Elle crée un tribunal correctionnel pour les mineurs de
plus de 16 ans, composé de juges non spécialisés, manière d’abaisser la
majorité pénale de 18 à 16 ans...

Le 15 Novembre 2011, après une traque de quatre mois, une série de
perquisitions et de gardes-à-vue, cinq personnes sont mises en examen pour
l’action contre la PJJ. Ils sont accusées « de participation à un
groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou de dégradations de biens ; violence commise en réunion sans incapacité ; dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en réunion ». Des faits minimes, une action de solidarité, mais des chefs d’inculpation très lourds et qui risque d’être lourds de conséquences.
Quatre inculpés sont incarcérés depuis à la Maison d’arrêt de Seysses, une
personne est en liberté provisoire et une autre gardée sous le coude comme
témoin. Et l’enquête n’est pas close.

Que ces personnes soient impliquées ou non dans cette action n’a que peu
d’importance, tant il est juste sur le fond d’avoir exprimé sa solidarité
avec celles et ceux qui subissent la répression de manière brutale, ici les
jeunes prisonniers de Lavaur. Quand l’Etat enferme pour quelques graffitis,
il montre le bâton à ses détracteurs et à tous ceux qui, frappés de plein
fouet pas la débâcle économique se risqueraient à quelques actions directes
expropriatrices et/ou revendicatives.

La lutte contre cette société qui produit misère et enfermement est un
chemin semé d’embuches, de joies et de pleurs... dont on peut se relever
renforcé et d’autant plus déterminé. Il convient maintenant d’exprimer sous
de multiples formes notre soutien à ces nouvelles victimes d’une justice
qui mène la chasse à la solidarité.

Levée des inculpations, liberté pour toutes et tous.
Xiap et Rouma noc - Novembre 2011


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