Dans la rue des bons enfants,On vend tout au plus offrant.Y’avait un commissariat,Et maintenant il n’est plus là.Une explosion fantastiqueN’en a pas laissé une brique.On crut qu’c’était Fantômas,Mais c’était la lutte des classes.Un poulet zélé vint viteY porter une marmiteQu’était à renversementEt la retourne, imprudemment.L’brigadier et l’commissaire,Mêlés aux poulets vulgaires,Partent en fragments éparsQu’on ramasse sur un buvard.Contrair’ment à c’qu’on croyait,Y’en avait qui en avaient.L’étonnement est profond.On peut les voir jusqu’au plafond.Voilà bien ce qu’il fallaitPour faire la guerre au palaisSache que ta meilleure amie,Prolétaire, c’est la chimie.Les socialos n’ont rien fait,Pour abréger les forfaitsD’ l’infamie capitalisteMais heureusement vint l’anarchiste.Il n’a pas de préjugés.Les curés seront mangés.Plus d’patrie, plus d’coloniesEt tout pouvoir, il le nie.Encore quelques beaux effortsEt disons qu’on se fait fortDe régler radicalementLa question sociale en suspens.Dans la rue des bons enfants,On vend tout au plus offrant.Y’avait un commissariat,Et maintenant il n’est plus là.Dans la rue des bons enfantsViande à vendre au plus offrant.L’avenir radieux prend place,Et le vieux monde est à la casse !
(Guy Debord /Marc Lemonnier)