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Mangeux d’terre (Les)

Gaston Couté raconte comment les propriétaires terriens annexent, année après année, le chemin public, bien commun, pour leur intérêt privé.

Aujourd’hui, en Beauce, l’eau (autre bien commun) coulant du robinet chez tout un chacun est impropre à la consommation, du fait de la quantité de produits épandus par ces mêmes propriétaires agricoles. De plus, bien que cette terre soit couverte de champs de blé, notre émissaire a été incapable de trouver un pain correct.


Je repasse tous les ans quasiment
Dans les mêmes parages
Et tous les ans, j’trouve du changement
De d’ssus mon passage
A tous les coups, c’est pas l’même chien
Qui gueule à mes chausses
Et pis voyons, si je m’souviens,
Voyons dans c’coin d’Beauce

Refrain :
Y avait dans l’temps un bieau grand chemin
Cheminot, cheminot, chemine !
A c’t’heure n’est pas pus grand qu’ma main
Par où donc que j’cheminerai d’main ?

En Beauce, vous les connaissez pas ?
Pour que ren n’se parde,
Mangerint on n’sait quoué ces gas-là,
Y mangerint d’la marde !
Le chemin, c’était, à leu’ jugé
D’la bonne terre pardue
A chaque labour y l’ont mangé
D’un sillon d’charrue

Refrain

Z’ont groussi leu’s arpents goulus
D’un peu d’glébe toute neuve
Mais l’pauvre chemin en est d’venu
Mince comme eune couleuve
Et moué qu’avais qu’li sous les cieux
Pour poser guibolle !
L’chemin à tout l’monde, nom de Guieu !
C’est mon bien qu’on m’vole !

Refrain

Z’ont semé du blé su l’terrain
Qu’y r’tirent à ma route
Mais si j’leu’s en d’mande un bout d’pain,
Y m’envoyent faire foute !
Et c’est p’t-êt’ ben pour ça que j’voués,
A m’sure que c’blé monte,
Les épis baisser l’nez d’vant moué
Comme s’i’s avaient honte !

Refrain

Ô mon bieau p’tit chemin gris et blanc
Su’ l’dos d’qui que j’passe !
J’veux pus qu’on t’serre comme ça les flancs,
Car moué, j’veux d’ l’espace !
Ousqu’est mes allumettes ? A sont
Dans l’fond d’ma pannetière
Et j’f’rai ben r’culer vos mouessons
Ah ! les mangeux d’terre !

Refrain

+
Y avait dans l’temps un bieau grand chemin,
Cheminot, cheminot, chemine !
A c’t’heure n’est pas pus grand qu’ma main
J’pourrais bien l’élargir, demain !

publié le 3 juillet 2014, passé à la censure le 14 juillet 2014

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